Préambule
L’absence d’un esprit de recherche comporte en effet le risque d’enfermer une organisation dans la monotonie, voire dans l’inertie, et induire des automatismes nuisibles dans les actions. La recherche/évaluation est indispensable même à la survie et au développement d’une organisation. Une organisation sans le service de recherche est considérée comme une plante sans sève et elle est donc condamnée à demeurer dans les automatismes délétères. C’est la recherche qui génère des innovations nécessaires à l’évolution d’une organisation. C’est dans ce cadre qu’il faut saluer les évaluations qu’organise le PPSSP comme soubassement de tous ces projets des urgences et de développement dans ses zones d’intervention. Nous présentons ici la grande évaluation réalisée par le PPSSP et ses résultats globaux pour l’année 2020. Elle porte sur l’enquête baseline pour l’évaluation du Plan stratégique du PPSSP 2020-2024.
Introduction
La RDC fait face à plusieurs problèmes de santé et à des catastrophes naturelles couplées à des glissements de terre et à des inondations. Ces aléas nécessitent des efforts considérables du gouvernement et de ses partenaires encouragés par une stabilité socio-politique. La vulnérabilité des populations dans la partie Est de la République Démocratique du Congo a atteint un niveau critique.
Face à la persistance du faible accès des populations locales aux services de soins de santé primaires, le PPSSP a élaboré son plan stratégique en vue de contribuer à l’amélioration de conditions de vie des populations victimes de ces vulnérabilités au cours des 5 prochaines années. Ledit Plan est articulé autour de six (06) axes stratégiques notamment :
- L’eau, l’hygiène et assainissement et sécurité alimentaire ;
- L’appui à la prise en charge des IST, VIH/SIDA, SSR, paludisme et du système de santé ;
- La protection civile, lobbying et le plaidoyer ;
- Le développement et réponses aux urgences ;
- Le management et coordination du PS et
- Le Fund raising et développement de partenariat
C’est dans ce cadre qu’une évaluation de base relative au plan stratégique 2020-2024 a été réalisée dans les provinces de l’Ituri, du Nord Kivu et de la Tshopo à partir d’une méthodologie basée sur une double approche qualitative (revue documentaire et entrevues) et quantitative. La revue documentaire était basée sur l’exploitation de la documentation relative à la situation sécuritaire, sanitaire et humanitaire de la RDC en général et dans les zones d’intervention du PPSSP en particulier. Des consultations participatives sous forme de discussions de groupe dirigées et d’entretiens semi-directifs ont été organisées et ont impliqués les différentes parties prenantes. Ces dernières étaient choisies par un échantillonnage par convenance. L’approche quantitative quant à elle, était axée sur une grille de collecte, et a consisté en la sélection des aires de santé par échantillonnage stratifié à deux degrés. Au premier degré, les zones de santé ont été tirées proportionnellement au nombre des aires de santé. Au second degré, les aires de santé étaient tirées par tirage aléatoire simple.
Résultats globaux de l’évaluation
Concernant l’eau, l’hygiène et l’assainissement (Wash), les analyses ont montré que les indicateurs sont très faibles. La plupart des zones de santé visitées ont moins de 5 points d’eau potable quelle que soit la nature. La même situation est observée en matière d’hygiène et d’assainissement.
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, on enregistre une faible participation dans les enquêtes en sécurité alimentaire dont seulement près 30% des communautés les ont réalisées au Nord-Kivu. Presqu’aucune communauté n’a bénéficié d’une formation sur les techniques agricoles et élevage. Dans le même ordre d’idées, seulement 13,51% des ménages dans la province de l’Ituri ont bénéficié des outils aratoires.
Dans le domaine de la prise en charge des IST et VIH/SIDA, 50% des communautés ciblées dans la province du Nord-Kivu ont bénéficié des interventions axées sur le domaine. 49,12% et 33,3% des acteurs ont été formés dans les communautés ciblées par le programme.
En matière de santé sexuelle et reproductive, on assiste à une forte mobilisation des partenaires masculins à l’adhésion dans les provinces du Nord-Kivu et de la Tshopo (respectivement 43,55% et 46,77%). Dans le même ordre, c’est dans le Nord-Kivu qu’on enregistre la proportion la plus élevée des aires de santé qui ont intervenu dans les questions de réparation des fistules.
En ce qui concerne la lutte contre le paludisme, on note que c’est dans la province de l’Ituri qu’on enregistre les résultats les plus faibles quel que soit l’indicateur retenu. À cet effet, seulement 19% des zones de santé ont été approvisionnées en intrants de lutte contre le paludisme.
De l’analyse du contenu, il ressort principalement que : (i) les communautés font face à d’énormes difficultés d’accès à l’eau potable. Il s’agit notamment de l’insuffisance des sources aménagées et/ou de la vétusté des infrastructures existantes. (ii) le niveau des connaissances de la communauté en matière de prévention des IST et SIDA est relativement faible. (iii) Les flambées d’épidémies de paludisme sont particulièrement dues à de mauvaises pratiques en matière d’assainissement et à la mauvaise utilisation des MILDA. (iv) Bien que les activités du PPSSP ainsi que les objectifs visés soient louables, elles sont cependant peu connues par les populations bénéficiaires. Cela serait due à une faible vulgarisation des activités du programme.
Recommandations et actions relatives aux résultats globaux de l’évaluation de base.
Au terme de ces analyses, il serait pertinent de prendre en compte un certain nombre de considérations clés en vue d’une mise en œuvre efficace des actions du programme. Ces actions se résument principalement en:
- Accroitre la vulgarisation et la sensibilisation des activités du PPSSP dans les zones concernées ;
- Accroitre le renforcement des capacités des acteurs locaux et leaders communautaires dans les domaines d’intérêt du PPSSP ;
- Organiser des enquêtes en mi-parcours pour s’assurer du niveau de progression des indicateurs relatifs au plan stratégique ;
- Mener des activités de suivi-évaluation permanentes qui permettront d’évaluer les performances du Programme ;
- Mener des enquêtes dans les domaines du Wash et de l’agriculture afin d’évaluer la capacité d’appropriation et de résilience des populations face au contexte qui prévaut dans les régions concernées ;
- Mener des actions dans les zones de santé en se focalisant sur tous les six axes stratégiques du programme.
Auteur : Gabriel Moliso
Chef de département de Recherche et Communication/PPSSP